Pierre, Émile et Clémence Renard - accueil
Il n'y a pas d'arithmétique compensatoire dans l'amour qu'on porte à ses enfants. J'avais trois enfants. Mon fils aîné est mort le 22 octobre 2014, à l'âge de 34 ans. J'aime toujours les trois tout autant.
La différence, c'est le chagrin qui me fait pleurer celui qui a disparu.
D'autres le pleurent aussi. Et leur tristesse est à la mesure de l'immense générosité humaine de Pierre à l'égard de ceux qu'il a rencontrés, appréciés et aimés lui aussi.
Pour son père, ce n'est pas seulement un copain de classe, ni d'escalade, ni de graffs, ni un amour de femme adulte... C'est son enfant. Cela veut dire 34 ans de vie, même si, évidemment, elle n'a pas toujours été commune.
Un père est dépouillé de tant de souvenirs de son petit... j'ai des enregistrements de Pierrot qui datent de 1989... Entendre sa voix, alors qu'il n'a que neuf ans, est un chemin de croix. Et pourtant, c'est un peu de lui.
On ne peut accepter que son fils meurt avant soi. Je sais. Je le dis après tant d'autres. Mais le lire de ces derniers ou l'écrire soi-même ne revêt pas la même dimension.
D'ailleurs, personne n'a jamais donné quelques lettres de noblesse littéraire à l'un de ces deux termes qui définissent le statut d'un parent privé de sa descendance : défilié, désenfanté... Cela reste sémantique. Mais sans épaisseur sentimentale, sans tourment.
J'ai cherché à retracer le chemin de vie de Pierrot (pour ce que j'en sais), et je continuerai. Même si mon élan vital est désarticulé et que je mesure, dans ma chair et mon esprit, la souffrance de l'irréversibilité. Même si je mesure aussi la chance d'avoir vécu avec un fils d'une telle véhémence affective et d'une telle détermination.
Michel Renard
le 12 janvier 2015, 19 h 35
Il y a trois mois, jour pour jour, et heure pour heure, mon fils entrait dans le néant du coma, puis de la mort dix jours plus tard...
Peut-être à cause de cela, j'ai senti d'une manière particulière ceux qui ont pleuré un mort dans les drames des 7, 8 et 9 janvier.
Les circonstances sont différentes, mais la mort injuste d'un enfant, d'un proche, c'est toujours la même douleur.
M.R.
le dernier été de Pierrot, à deux mois de ses 34 ans, à deux mois de sa mort absurde et injuste
- l'hommage à Pierrot, Pierre Renard (1980-2014), mon fils est désormais accessible ici :
http://michelrenardfamilystory.blogspot.com/
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Pierre Renard, mon fils : une, vie 7 octobre 1980 - 22 octobre 2014
Pierre Renard, 7 octobre 1980 - 22 octobre 2014
Paroles et sanglots d'un père
Famille, proches, amis, connaissances…, rien ne laissait imaginer que nous serions rassemblés aujourd’hui, si tôt dans sa vie, pour dire notre douleur incommensurable de devoir quitter à jamais Pierrot.
Sensation d’irréel, d’incrédulité. Mots de détresse qui sonneront toujours de travers.
Ce qui nous unit, par-delà la cruauté de cette mort inconcevable, c’est la part du feu intérieur que Pierre a versé en nous, et qui nous l’a fait aimer profondément.
Sa disparition, injuste et brutale, fracturera pour toujours nos propres destinées.
Jamais notre sentiment à l’égard de la vie ne sera plus le même.
Pierrot et Bouchra, 21 août 2014
la tête haute
Pierre a traversé ces trop fugitives années avec la rage d’en tirer le meilleur, en offrant le maximum de lui.
Il l’a fait avec ses proches. Il l’a fait dans ses diverses tâches professionnelles et dans ses passions artistiques.
Pierre a toujours visé l’intensité des sentiments. Il a toujours cherché la perfection, attentif aux autres dont il apprenait, mais ne comptant que sur lui-même pour réussir.
Pierre ambitionnait l’inaccessible, ne s’épargnant aucune peine pour s’en approcher.
La médiocrité, la superficialité, la demi-mesure, l’excuse facile n’avaient aucune part à son esprit.
Il ne jugeait pas les autres, sans précaution ni mesure.
Il dédaignait le jugement des autres à son égard, quand il était porté par la jalousie ou la malveillance.
Pierre a toujours eu la tête haute. Et nous sommes fiers de l’avoir connu.
29 septembre 2009, à Saint-Chamond
enfant aimé
La naissance de Pierre est un fruit de l’amour.
Une fabuleuse complicité. Entre une mère et son fils. Entre un père et son fils.
«Les bras, papa… !» Allers et retours, crèche, école, câlins, cartable sur le dos. Main dans la main, pour ces trajets de banlieue.
Paris, le métro, le Vieux Campeur, le bateau-mouche, le musée de l’Armée aux Invalides, le musée du Louvre… Ce n’est pas rien d’être fils de professeur.
À jouer imprudemment sur le socle de la Victoire de Samothrace au Louvre, tu as gardé une trace au front. Rien de démotivant.
Car des escapades plus périlleuses, tu en as accomplies plus tard…
Au Louvre, toujours, la galerie des Primitifs italiens, celle de la Renaissance puis des grands romantiques français. Peut-être le déclic de tes peintures futures ?
Mais avec ton style et tes techniques.
Tes parents, mon fils, ont tenté d’enchanter un peu ta vie quotidienne.
Pendant les vacances, c’était plus évident. La Creuse, ses bruyères, la forêt, les moutons derrière une clôture au crépuscule, les ballades juchées sur les épaules…
Creuse, 1983 ; à a gauche Daniel Lefeuvre, à droite Pierrot et son papa
Un enfant a-t-il plus confiance en son père qu’à cet âge ?
L’Ardèche, la vallée de la Maurienne, le ski à Meyronnes.
Devenu homme, tu as élargi ton horizon : Bruxelles, l’Allemagne, Barcelone, Budapest, le Portugal…
Car si un fils doit à sa mère, si un fils doit à son père, il se fait lui-même.
Il y a de la vérité dans cette phrase du poète libanais Khalil Gibran, même si elle est quelque peu excessive :
«Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles du désir de la vie pour elle-même».
Pierrot avait un insatiable désir de vivre.
Il a su rapidement embrasser l’existence avec aplomb, avec l’instinct qu’il fallait y jeter fougue et vérité, en sachant qu’elle ne lui donnerait que ce que sa force et sa détermination iraient chercher.
Sa mère, son père, l’ont aimé sans retenue. Et si leur séparation l’a intérieurement blessé, il n’en a jamais rien laissé paraître, ni formulé le moindre reproche.
Au contraire, il nous a gratifiés d’un amour filial jamais démenti.
Pierrot terminait toujours une rencontre ou une conversation par «Je t’aime Maman», «Je t’aime Papa».
escalade et graff
Enfant, il a goûté très tôt le sport, et notamment l’escalade.
À l’âge de dix ans, il montait les yeux bandés, le mur d’escalade de Valmeinier, dans les Alpes. Plus tard, il a installé un mur d’escalade dans sa propre chambre, causant l’admiration de ses amis.
L’escalade, métaphore de sa vie.
Pierre savait que rien ne s’arrache sans effort, sans assurance des échelons gravis, sans les yeux rivés sur la prochaine prise.
Pourquoi l’ascension a-t-elle pris fin si prématurément, mon fils ?
Pierre était fort, parfois dur. Mais aussi d’une sensibilité exacerbée.
Dans l’élan qui le portait vers ceux qu’il aimait.
Dans le domaine de l’esprit également. Ses compétences artistiques se sont épanouies dans des dizaines, des centaines de compositions murales à la bombe aérosol.
Il a écrit, à ce sujet, un court texte magnifique, d’une grande poésie, que ceux qui ont partagé sa passion – et les autres – liront toujours la gorge serrée.
La durée de vie de ces fresques étant aléatoire, Pierrot, comme tous les peintres de l’art urbain, les fixait sur photos dans des albums qui en assuraient la pérennité.
Il avait le sens de la permanence et de l’éphémère. Le refus du laid et le désir du beau.
Il offrait à la tristesse de la géographie urbaine du nord de Paris, l’enjouement de la couleur et une calligraphie onirique.
rires et cendres
Le déchirement et les pleurs qui nous accablent aujourd’hui, ne doivent pas nous faire oublier que Pierre était joyeux, qu’il avait le rire communicatif, que nous avons été heureux avec lui.
Je ne sais comment nous allons vivre désormais, sans son amour, sans sa chaleur, sans son rire, sans son incroyable énergie, sans ses étreintes, sans son idéal…
Le regret de lui survivre va frapper d’amertume et infliger un goût de cendres à chacune des voies qui seront les nôtres dans les années qui viennent.
Mais il faudra nous remémorer toujours son souvenir, et ce qu’il aurait répliqué face à un instant de faiblesse de notre part.
Un père n’enterre pas son fils ! Il maudit le sort de n’être pas à sa place.
Pierrot, quand avec Bouchra, tu es venu nous voir à Saint-Chamond, à la fin août, il y eut un moment de grâce… où tu t’es endormi sur mon épaule. Comme un enfant. Comme mon enfant.
Je t’aime mon fils ! Je t’aime mon Pierrot !
Comme t’aiment tous ceux qui, ici, te pleurent à jamais.
Ces terribles derniers jours, tous autour de toi, nous avons pleuré, nous avons prié, nous avons espéré que l’improbable miracle se produirait, que ta force et ta jeunesse l’emporteraient sur l’absurde et arbitraire fatalité.
En vain.
Nos paroles se perdaient déjà dans le silence de ton cerveau meurtri.
14 octobre 2014, hôpital Henri Mondor à Créteil (Paris)
Aujourd’hui, selon tes vœux, ton corps va se consumer. Les vents l’emporteront.
Mais tous les êtres que tu as côtoyés, tous les lieux que tu as fréquentés, tous les rêves que tu nous as confiés, te rappelleront à nous sans cesse.
Va mon fils ! Que le terme de cette ultime ascension te soit doux et serein.
Notre amour t’accompagne, Pierrot. Comme celui de ton petit frère Émile (10 ans) et de ta petite soeur Clémence (7 ans).
Pierrot, son frère Émile et sa soeur Clémence, en novembre 2010
À la mort de sa mère – mais cela vaut plus encore pour la mort d’un fils – l’écrivain Marcel Pagnol disait :
«Le temps passe, et il fait tourner la roue de la vie comme l’eau celle des moulins (…)
Telle est la vie des hommes. Quelques joies très vite effacées par d’inoubliables chagrins.
Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants».
Aujourd’hui, c’est mon enfant que la mort m’a confisqué à jamais.
Et que commence l’inoubliable chagrin.
Ton papa.
5 novembre 2014
crématorium de Villetaneuse/les Joncherolles
- la voix de Pierre sur Youtube
Pierrot, mon fils, le 3 octobre 2013
Allocution d’hommage à Pierre RENARD
Les mots ne suffiront pas, mon Pierrot.
Notre tristesse est immense et les mots ne suffiront pas pour l'exprimer ; Mais ils essaieront de dire, un peu, notre histoire.
Tu es mort à l'âge de 34 ans. Nous sommes tous bouleversés par le chagrin.
Nous pensons à tout ce que nous aurions pu te faire découvrir et partager, et ce vide soudain, la désolation de ton absence nous remplit de tristesse.
C'est comme si les souvenirs perdaient leur sens, perdaient leur signification de la promesse d'avenir qu'ils portaient avec toi et pour toi.
Pour moi, pour ceux de ma génération, je crois, je ressens ta perte comme un morceau de futur qui disparaît, un repère du futur qui s'efface, car tu étais un être en devenir, tu étais l'avenir encore à écrire : notre avenir. Nous voilà orphelins, nous qui t'avons pourtant précédé dans cette vie.
Ton image, ton souvenir vont nous habiter et demeurer en nous : ils nous saisissent soudain à l'improviste à n'importe quel moment de la journée. La brutalité et l'injustice de ta disparition vont continuer à nous heurter et nous hanter. La douleur, elle vient de cette collision entre l'évidence et l'inacceptable de ta disparition.
le flou de la photo n'empêche pas l'expression certaine d'un bonheur,
le 1er janvier 2005, aux Pavillons-sous-Bois
Ta disparition nous prive de ton amour, et elle nous prive de la possibilité de l’amour que nous voulions continuer à te porter, à te témoigner pour continuer à te faire grandir. Ce sont là des mots banals, entendus dans d'autres circonstances, mais aujourd'hui ils nous touchent dans notre chair, ils s'inscrivent avec douleur dans nos esprits.
Nous voilà amputés d'une partie de nous-mêmes. Et quand nous regardons le ciel, les arbres, quand nous ouvrons les volets le matin, l'horizon n'est plus le même.
Cette absurdité brutale d'une vie abrégée par un accident, cette violence inadmissible, nous ne pouvons l'accepter. Ta mort est la pire injustice que tu puisses subir. C'est la pire des injustices pour ta mère et ton père. Pour tous tes amis et ta compagne.
Cette injustice nous plonge dans une cruelle détresse, comme si elle voulait nous dire que tes 34 ans écoulés n'avaient servi à rien. Nous refusons cette idée.
Nous ne laisserons pas la mort bafouer totalement l'espoir de ta jeunesse !
Pierre, je me réjouissais de voir en toi comme une sorte de grand frère pour ta cousine, Aude, de voir votre amitié. Complices dans la rigolade, vous l'étiez, et tu avais un bel humour qui nous faisait tous franchement rire : tes mots, tes réparties fulgurantes, ton esprit caustique mettaient tout le monde de bonne humeur.
La valeur n'attend pas le nombre des années, petit Pierre devenu grand, tu nous l'as bien démontré.
Pierrot et Aude, en 2002, à Bezons
Nous nous rencontrions rarement, mais un peu plus souvent ces dernières années et j'admirais ta force de caractère et ton courage, ton esprit de résistance et ton ardeur au travail.
Tu avais forgé toi-même ton chemin pour construire ta vie d'une manière que tu voulais farouchement indépendante.
Nous n'étions pas d'accord sur tout, sur la vision de la société, sur le sens du combat social, mais nous aimions, je crois, en discuter passionnément.
Tu étais tenace, opiniâtre, quelquefois obstiné. À un point qui pouvait aller jusqu'à l’entêtement ! - et là, je reconnaissais mon frère Michel, ton père ! Mais tu as été plus loin que lui, plus loin que moi, et sur d'autres chemins.
Mais n'est-ce pas le rôle des enfants d'aller au-delà de ce que leurs parents ont découvert ?
"La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi" a dit Picasso à propos de sa fresque Guernica.
Dans notre univers télévisuel borné, dans ce monde médiatique atrophié qui colonise notre imaginaire, Pierre et ses camarades ont écrit dans les marges de cette normalité imposée et ils ont réinventé un langage pour la contester.
Avec tes copains, tes amis du graff, vous avez parsemé de vos images les murs de nos villes, et ces fresques nous interpellent, avec ces symboles mystérieux pour le profane. Elles interrogent le rôle de l'image que les pouvoirs en place ont toujours voulu contrôler.
Ton graff, c’était ton acte de résistant. Une résistance qui me parle.
Les mots ne suffisent pas, mon Pierrot, les images non plus, mais les uns et les autres sont ce qui nous reste pour te garder à jamais dans nos mémoires.
Denis Renard
oncle de Pierre
5 novembre 2014
Denis Renard, oncle de Pierrot
Merci Denis, mon frère, pour cet hommage d'une puissante humanité. Je retiendrai cette phrase d'amour lucide : "Les mots ne suffiront pas, mon Pierrot"... Tu m'as bouleversé en prononçant ces mots. Comme je t'ai vu ébranlé lors des obsèques de Pierre et des allocutions successives. Je t'aime, mon frère.
"Aude", graff de Pierrot pour sa cousine, 1er janvier 2005
Témoignage de Bumi
«Salut Bumi. Comment ça va ? Tranquillou ?»
C’est par ces mots au téléphone que Pierrot annonçait qu’il allait passer, ou tout simplement prendre des nouvelles. Quelques fois, c’était aussi pour proposer de changer d’opérateur téléphonique pour des raisons assez obscures mais dont l’essentiel était que cela lui rendait service pour son travail.
Quand Pierrot passait, c’était toujours l’occasion de câliner les chats de Laurence et d’obtenir des ronronnements en retour. Mais du coup, pour éviter la crise d’asthme il fallait prévoir Aerius ou Zyrtec disponibles. Autant il aimait les chats, autant il était allergique à leurs poils. Et chez nous, des chats il y en avait quatre. C’est vous dire.
Serviabilité et gentillesse. Ce n’étaient sans doute pas les seules qualité de Pierre, mais ce sont les premières qui me viennent à l’esprit. Il était toujours disponible pour déménager un meuble, aider pour un bricolage, surtout avec moi qui ai deux mains gauches.
Je veux, ici, rappeler sa présence pendant la maladie de Laurence. Il passait quand il pouvait, prenait régulièrement des nouvelles.
Alors perdre la vie à 34 ans dans un accident de la route. C’est à la fois injuste et bouleversant.
Pierrot, tu es parti trop tôt. Tu avais encore bien des choses à vivre et à accomplir.
Où que tu sois aujourd’hui, pour moi tu es avec Tata Lolo et ses chats que tu peux caresser sans prendre de cachets, car pour reprendre le mot du philosophe, «le véritable tombeau des morts, c’est le cœur des vivants».
Permettez-moi, pour finir, de vous lire un extrait d’un poème amérindien :
Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
Laissez-moi partir
Car j’ai tellement de choses à faire et à voir !
Ne pleurez pas en pensant à moi !
Soyez reconnaissants pour les belles années
Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
Vous ne pouvez que deviner
Le bonheur que vous m’avez apporté !
Je vous remercie pour l’amour que chacun m’a démontré
(…)
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
Je ne suis pas loin et la vie continue !
Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
Philippe Moraud, dit Bumi
oncle de Pierre
5 novembre 2014
Philippe Moraud, dit Bumi, 5 novembre 2014, au cimetière d'Épinay-sur-Seine
Hommage de Christophe
Pierre appartenait, appartient et appartiendra toujours à une très grande famille - le nombre de personnes présentes aujourd'hui en témoigne -, membres de sa famille, proches, amis ou graffeurs.
Pierre était quelqu'un de généreux qui donnait beaucoup sans jamais attendre de recevoir.
Il savait tirer le meilleur de nous-mêmes, il était pour beaucoup une locomotive, nous tirant vers l'avant, nous rassemblant.
Je voudrais citer le poète africain Binago Diop :
"Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule.
Les morts ne sont pas morts."
C'est pourquoi, aujourd'hui, nous nous devons de lui rendre hommage : "il faut honorer la mémoire du défunt afin qu'elle s'inscrive durablement dans la mémoire collective. Les funérailles honorent le départ", selon Raymond Johnson.
Sophie tient à ajouter cette parole : "Tu vivras en nous, dans nos coeurs, dans nos pensées, dans notre âme. Nous penserons toujours à toi".
Christophe, ami graffeur de Pierrot
et Sophie dont les filles considéraient Pierre comem leur "tonton"
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Pierre et les autres
21 août 2014, dans le Pilat, à côté de Saint-Chamond, père et fils
Pierre, Bouchra, Kim, Michel, 10 novembre 2013 à Paris
Pierre et Bouchra 10 novembre 2013 à Paris
Bouchra et Kim, 10 novembre 2013 à Paris
Pierre et son papa, 10 novembre 2013 à Paris
la beauté de Kim et de Pierrot, 6 juin 2013 à Paris
6 juin 2013, à Paris, avec Daniel Lefeuvre à gauche
6 juin 2013, à Paris, regardant Gérard Molina
6 juin 2013, à Paris, avec Daniel Lefeuvre et André Fontaine
11 août 2012, au lac-barrage du Couzon, dans le Pilat (Loire)
1er septembre 2011, à Saint-Chamond
1er septembre 2011, à Saint-Chamond
1er septembre 2011, à Saint-Chamond... si tu savais comme je suis fier de toi, mon fils
Pierrot, 2 septembre 2010 : travail d'artiste pour la chambre de sa petite soeur Clémence
(pose d'un pochoir)
Pierrot, 2 septembre 2010 : travail d'artiste pour la chambre de sa petite soeur Clémence
9 novembre 2009, métro Concorde à Paris, en route vers les studios télé de France Ô
pour le livre Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?
9 novembre 2009, quai André-Citroën à Paris
9 novembre 2009, Pierrot dans le studio du "Grand Journal" de Canal+
9 novembre 2009, Pierrot et moi faisons les fous dans le studio du "Grand Journal" de Canal+
Pierre et sa petite-soeur Clémence à la sortie de la crèche, 27 octobre 2009 ; à Saint-Chamond
Pierre et sa petite-soeur Clémence à la sortie de la crèche, 27 octobre 2009 ; à Saint-Chamond
7 octobre 2009, anniversaire de Pierre ; avec son petit-frère Émile, à Saint-Chamond
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure ; Pierrot lui a préparé un cadeau graphique
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure ; Pierrot lui a préparé un cadeau graphique
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure ; signature de Pierrot
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure, le père et le fils
29 septembre 2009, à Saint-Chamond, avec sa petite-soeur Clémence (née le 30 octobre 2007)
29 septembre 2009, à Saint-Chamond, avec sa petite-soeur Clémence
Pierre, 27 septembre 2009 à Saint-Chamond (site Giat)
septembre 2009, musée des Beaux-Arts à Lyon, L'archer de Bourdell
septembre, 2009, musée des Beaux-Arts à Lyon, dialogue par-delà le temps,
avec le peintre Paul Chavanard (1807-1895) sculpté par Jean Gautherin en 1887
Pierrot à Saint-Chamond, le 7 septembre 2009
Pierrot à Saint-Chamond, le 7 septembre 2009
avril 2009, à Paris, Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
28 février 2008, à Bezons : avec Pierrot, après les obsèques de ma mère Marcelle Renard
28 février 2008, à Bezons : avec Pierrot, après les obsèques de ma mère Marcelle Renard
26 juin 2005, derniers jours aux Pavillons-sous-Bois
26 juin 2005, derniers jours aux Pavillons-sous-Bois
26 juin 2005, derniers jours aux Pavillons-sous-Bois
15 janvier 2005, avec Émile son petit frère, aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
24 décembre 2004, avec Émile son petit frère, aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
24 décembre 2004, Pierrot avec Émile son petit frère, aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
18 février 2004, à Pavillons-sous-Bois, Pierrot vient fêter l'anniversaire de son papa
18 février 2004, à Pavillons-sous-Bois, Pierrot vient fêter l'anniversaire de son papa
Pierrot à Marseille en août 1998
Pierrot à Marseille en août 1998, dans les Calanques
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Pierrot enfant, de la naissance à ...
13 octobre 1980, encore à la maternité de Noisy-le-Sec
Pierrot a dix mois, en août 1981, dans la Creuse
Pierrot le 20 août 1981, dans la Creuse : les épaules de papa
juin 1982 à Noisy-le-Sec, avec Daniel Lefeuvre
juin 1982 à Noisy-le-Sec, avec Ventu
juin 1982 à Noisy-le-Sec ; derrière les contreforts de Montreuil
août 1982, dans la Creuse : les épaules de papa
août 1982, dans la Creuse : Daniel Lefeuvre épate Pierrot en imitant le chant de l'oiseau
août 1982, dans la Creuse : on pressent l'aventurier
anniversaire des deux ans de Pierrot, 7 octobre 1982 (Noisy-le-Sec)
mai 1983, à Noisy ; Pierrot a trois ans
mai 1983, à Noisy ; Pierrot a trois ans
mai 1983, à Noisy ; câlin de Pierrot
mai 1983, à Noisy ; lecture avec Papa
19 juin 1983, à Drancy ; Pierrot jardinier
31 juillet 1983, à Drancy ; Pierrot s'endort sur son papa
août 1983, dans la Creuse, le paysan Maurice fait mine de verser du vin dans le verre de Pierrot âgé de moins
de trois ans ; Maurice est mort le 11 octobre 2012 (à 83 ans), Pierrot le 22 octobre 2014 (à 34 ans)
août 1983, dans la Creuse, le paysan Maurice, Daniel Lefeuvre et Pierrot :
les trois sont morts aujourd'hui... et nous sommes là, à les pleurer
août 1983, dans la Creuse, le paysan Maurice et Pierrot (dont le visage est marqué par l'eczéma)
23 juin 1984, à vélo et pensif
août 1984, dans la Creuse ; j'ai toujours pensé que cette image avait une dimension spirituelle...
Noël 1984, Pierrot a quatre ans... Quel sourire...!
Noël 1984, à Bezons (grands-parents paternels) ; Pierrot a 4 ans
bateau-mouche sur la Seine à Paris, 27 septembre 1985 ; il a presque 5 ans
10 avril 2009, quatorze ans après Pierre, une même balade en bateau-mouche,
avec son petit frère Émile âgé de 5 ans aussi
l'anniversaire des 5 ans de Pierrot, en 1985, chez ses grands-parents maternels
13 avril 1986, avec son papa, chez les grands-parents maternels de Pierrot
à Jaujac, en Ardèche, août 1987
gorges du Verdon, août 1990, avec Annie
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Pierrot et l'escalade
27 février 1999 à Fontainebleau
les Calanques à Marseille, en 1998
les Calanques à Marseille, en 1998
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Un copain de Pierrot, Romain Le Moigne, a retrouvé cette photo parue dans le magazine Grimper en 2001. Il écrit sur la page Fb de Pierre : "on avait fait une série de photos d'escalade urbaine (sur des vrais passages intéressants d'escalade, pas juste pour prendre la pose!), la photo de Pierre avait été sélectionnée parmi les huit gagnantes... Entre autres accomplissements..." (1er décembre 2014).
Romain a aussi publié cette photo du mur d'escalade que Pierrot avait installé dans sa chambre à Épinay.
Voilà ce qu'il écrit : "cette photo date de 2000, lors d'une des très très nombreuses séances d'escalade que j'ai faites chez un ami qui avait construit ce mur inclinable dans sa chambre. C'est la période où j'ai le plus progressé en escalade ! Poussière, sueur, énervements, coups dans les murs, joies, rap à fond & fous rires... Que de bons souvenirs !"
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aventures et oeuvres d'un graffeur
Pierre était un graffeur. Le mot vient de graff, diminutif de graffiti. Longtemps de connotation péjorative, et de statut illégal, le graffeur est un peintre qui calligraphie ou dessine sur un support la plupart du temps non destiné à cet effet. Son outil principal est la bombe de peinture aérosol. Mais il peut aussi utiliser la peinture en pot notamment pour aménager un fond sur un substrat dégradé.
Si il a peint sur des trains de la région Nord de la région parisienne, Pierrot a ensuite cherché des surfaces plus vastes, particulièrement dans des zones industrielles désaffectées ou des bâtis abandonnés.
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texte de Pierrot sur ses débuts dans le graff
Je me souviens d'un temps où régnait le chaos, un temps de nuits blanches, de peintures et de coursades. Un temps de "pt'i gris" (métros, RER A, B, C, D, E, TER et Interails), de repérages, de dépôts, et d'ateliers de photos et de vidéos.
Mais par-dessus tout, je me souviens du guerrier, l'homme que nous appelions Max. Le personnage est débordant d'énergie. C'est grâce à lui que j'ai peint la Nord. Pour comprendre cet homme, il faut revenir à une autre époque. À cette époque le graffiti me désociabilise. J'adopte alors un rythme de vie totalement déstructuré. Je profite de ne pas avoir de responsabilités pour vivre ma passion.
Seuls ceux qui ont vu tourner leur nom sur un train peuvent comprendre cette sensation. À chaque fois que tu vas peindre, tu risques de te faire serrer pour tout ce que tu auras fait auparavant, ton panel a donc d'autant plus de valeur quand tu ne fais que ton nom.
Quand ton train arrive à quai, Gare du Nord, c'est le choc des deux mondes. Le choc entre notre monde que personne ne comprend et celui de la masse populaire qui va au boulot. Tous ces gens utilisent les trains pour aller bosser. Nous, nous les peignons.
Le plus beau des supports, ces petits gris, ils ont une âme comme tu dis. Ils ont une histoire, racontée par les hauts de caisse non effacés. Ces fameux hauts de caisse que je te vois faire à chaque fois qu'on va peindre, tu veux tous les faire, je dois courir dans le dépôt pour les faire avant toi. De toutes les couleurs, ils sont les souvenirs ineffaçables des œuvres que la SNCF ne veut pas faire tourner. Tu écriras un jour sur un métro : "Plus tard, ce sera de l'art". Ça l'est déjà pour nous.
Et peu importe le résultat de la peinture, les valeurs d'amitié que l'on partage sont bien plus fortes. Et pour être sûr de peindre de mieux en mieux, notre collaboration reposait sur une règle simple : je trace et tu remplis. Les plus belles pièces, on les a faites tous les deux. Chaque WC [wild child : l’enfant sauvage] qu'on peignait avait une vraie signification pour moi. La notion de groupe je l'ai apprise avec toi.
Pierre Renard, 1980-2014
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Dans sa quête d'espaces plus grands pour ses créations, Pierrot a fréquenté les sites industriels laissés en friches. Il en a trouvé évidemment en Seine-Saint-Denis - où il habitait - et à Saint-Chamond quand il venait me voir.
À regarder ces photos, je devine - peut-être en extrapolant... - que Pierrot avait de multiples curiosités. Quand il allait peindre dans un local des anciennes Aciéries de la Marine devenues Giat, il prenait en photos ses peintures mais également le site, son architecture, certains détails des activités qui avaient mobilisé les hommes ici. Il y avait un respect de l'ouvrier dans son esprit.
20 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
20 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat : "spyn" en graphie arabe
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
graff de Pierrot, publié en 2013
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la mort de Pierre
l'accident, 12 octobre 2014
Pierrot a quitté son domicile, rue de l'Avenir à Épinay-sur-Seine, le dimanche 12 octobre 2014, un peu après 19 heures 30, pour se rendre chez sa mère à Saint-Gratien.
Il roulait à moto, à petite vitesse (moins de 50 km/h). Une voiture sur la voie opposée s'apprêtait à tourner sur sa gauche pour entrer dans un parking dont le conducteur avait ouvert la grille à l'aide d'un bip. Il a laissé passer deux voitures puis s'est avancé au moment ou Pierre, phare allumé, arrivait à sa hauteur (...!!!). Pierrot a percuté le véhicule sur son avant et a été violemment projeté au loin, sa tête (casquée) a touché le sol en premier. Il était 19 heures 45.
lieu de l'accident, 110 avenue d'Enghien à Épinay-sur-Seine : Pierrot roulait à droite et une voiture,
venant en sens opposé, lui a coupé la route en tournant sur sa propre gauche...!
L'enquête a établi la culpabilité évidente du véhicule. Son conducteur est un homme de 80 ans environ, qui est incapable d'expliquer ce qui s'est passé...
Pierrot était déjà dans le coma quand le Samu, appelé par les pompiers de Saint-Denis, est arrivé. Son corps était quasiment indemne. Mais l'examen à l'hôpital a montré de très graves traumatismes crâniens, des lésions irréversibles et du sang dans les poumons. Il n'est jamais sorti du coma.
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les dix jours de coma et de soins à l'hôpital, octobre 2014,
unité de réanimation-chirurgicale et de traumatologie (réa-chir)
Pierrot, le 14 octobre 2014, moins de 48 heures après l'accident
Pierrot, le 14 octobre 2014, moins de 48 heures après l'accident
Pierrot, le 14 octobre 2014, moins de 48 heures après l'accident
Pierrot a lutté pour sa vie. Son corps a résisté. Je ne sais si l'esprit se manifeste d'une manière quelconque dans le coma. Mais à être présent à ses côtés, on avait le sentiment d'une force qui usait de tous ses recours pour rester du côté de l'existence.
Pierre a toujours combattu pour obtenir ce qu'il cherchait dans ce monde. Cette énergie s'est déployée lors de cette ultime épreuve.
Je n'ai pas d'hésitation à montrer ces photos. Mon fils se bagarre pour la vie dans un lit d'hôpital. Je le trouve beau et digne. Même si je suis immensément et définitivement triste.
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Pierrot, le 22 octobre 2014 : son cerveau a cessé de fonctionner
Pierrot, le 22 octobre 2014 : son cerveau a cessé de fonctionner
Pierrot, le 22 octobre 2014 : son cerveau a cessé de fonctionner
Pierrot, le 22 octobre 2014 : son cerveau a cessé de fonctionner
Pierrot, le 22 octobre 2014 : son cerveau a cessé de fonctionner
Son cerveau a cessé de fonctionner. Cela veut dire qu'il est mort. Vers douze heures trente.
Mais son activité cardiaque est maintenue en attente de la décision des parents sur le don d'organe.
J'ai caressé et embrassé le corps de mon fils mort. J'ai pleuré sur lui. J'ai ôté les cotons sur ses yeux pour contempler une dernière fois son regard mi-clos, ses yeux bleus.
Le soir, sa mère et moi avons décidé d'accepter le don d'organes. Pierrot a donc donné son coeur, ses poumons, son foie, ses deux reins à des malades qui en avaient besoin. L'opération a duré presque douze heures. Il a aidé cinq personnes à survivre.
Je n'ai pas de réticence, là aussi, à publier ces photos. Je trouve mon fils fort, et cette force est un défi à la mort qu'il lance dans ces derniers moments. Je suis fier de lui, jusqu'au bout. Et je l'aime par-delà sa mort.
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le cercueil à l'Institut médico-légal (Paris, quai de la Rapée)
5 novembre 2014
la dépouille de Pierrot, mort depuis deux semaines, dans une pièce de l'Institut médico-légal
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obsèques au crématorium de Villetaneuse/les Joncherolles Épinay
(Seine-Saint-Denis), 5 novembre 2014
l'impossible oraison funèbre de son propre fils...
Bouchra Lecheguer, la compagne de Pierrot
l'insoutenable proximité d'une dépouille et d'une image pleine de vie
les vivants ont besoin d'un rituel pour se séparer d'un mort
Denis Renard, oncle de Pierrot
cercueil pénétrant dans le four crématoire
la crémation dure entre une heure trente et deux heures
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obsèques au cimetière d'Épinay (Seine-Saint-Denis)
5 novembre 2014
le transport des gerbes vers le colombarium
le corbillard du dernier voyage
l'urne funéraire contenant les cendres de Pierrot, déposée dans une case du colombarium
ultime adieu de Cédric à Pierre
prière récitée par Daniel, de confession musulmane
prière récitée par Daniel, de confession musulmane
ultime adieu de Eya et de Nyssa qui appelaient Pierrot "Tonton"
l'ouvrier s'apprêtant à sceller la case
le scellement de la case funéraire
gerbes de fleurs, dont l'une envoyée par mon lycée
des amis qui se recueillent dans un refus de croire à une mort si subite
...rester ensemble comme un refus de l'impensable
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l'hommage à Pierrot de ses copains graffeurs
l'hommage de deux amis graffeurs à Pierrot, le 6 novembre 2014, lendemain des obsèques
l'hommage de deux amis graffeurs à Pierrot, le 6 novembre 2014, lendemain des obsèques,
la chanson de Renaud : chanson pour Pierrot
hommage de trois amis de Pierre
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fresque d'hommage de ses copains graffeurs à Pierrot
29 et 30 novembre 2014 (Seine-Saint-Denis)
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot : "soldat tombé", 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : portrait
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : portrait
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : portrait
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : avec liste des auteurs
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : 1980-2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : "à jamais gravé dans nos mémoires"
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : "à la mémoire de Spyne"
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
Vous l'avez fait ! Merci. J'ai eu du mal, longtemps, à lire cette graphie. Pierrot m'a expliqué, quelques fois. Et maintenant, je comprends mieux. En revenant de Paris, après ses obsèques, je ne cessais de regarder par la fenêtre du train toutes les peintures. Dans mon chagrin, je croyais voir SPYN partout...
Ce que vous avez réalisé est magnifique d'esthétique, d'imagination, d'amitié, de fidélité. Je sais votre chagrin aussi. "À jamais gravé dans nos mémoires".
le papa de Pierrot
1er décembre 2014
photo de JEer Page, graff de ENKA, fresque RIP SPYN, 29/30 novembre 2014
(page Fb de Fleur Essence, 6 décembre 2014)
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quelques mots de Pierre
Avignon, juillet 1995 : Marcelle et Daniel sont ses grands-parents paternels
5 novembre 2014, à la sortie du crématorium
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quelques messages
L'un des plus sublimes et plus lucides messages m'a été adressé par Adrien, ancien élève de 2e au lycée, aujourd'hui étudiant en Droit à Lille :
- "Crois moi Michel, on n’oublie jamais vraiment et c'est pas faute d'avoir essayé...
Les photos, anniversaires morbides et touchants articles que tu as écrits te fendront le cœur à chaque fois qu'ils en auront l’occasion.
Cependant pour ta santé mentale (celle de tes proches aussi), il faut que tu acceptes ta propre impuissance dans cette tragédie. Cultiver la haine envers la fatalité n'a jamais été qu'un éreintant combat perdu d'avance.
Ce que j'essaye de te dire n'est pas de "passer à autre chose", occulter ce genre de drame, le noyer dans l'alcool ou que sais-je, revient en définitive à mettre le tas de poussière sous le tapis.
Laisse-toi le temps, continue à exprimer ta peine, surtout si ça te soulage mais un jour il faudra bien que tu le laisses partir..."
Pierrot, mon fils, une vie : 7 octobre 1980 - 22 octobre 2014
Pierre Renard, 7 octobre 1980 - 22 octobre 2014
Paroles et sanglots d'un père
Famille, proches, amis, connaissances…, rien ne laissait imaginer que nous serions rassemblés aujourd’hui, si tôt dans sa vie, pour dire notre douleur incommensurable de devoir quitter à jamais Pierrot.
Sensation d’irréel, d’incrédulité. Mots de détresse qui sonneront toujours de travers.
Ce qui nous unit, par-delà la cruauté de cette mort inconcevable, c’est la part du feu intérieur que Pierre a versé en nous, et qui nous l’a fait aimer profondément.
Sa disparition, injuste et brutale, fracturera pour toujours nos propres destinées.
Jamais notre sentiment à l’égard de la vie ne sera plus le même.
Pierrot et Bouchra, 21 août 2014
la tête haute
Pierre a traversé ces trop fugitives années avec la rage d’en tirer le meilleur, en offrant le maximum de lui.
Il l’a fait avec ses proches. Il l’a fait dans ses diverses tâches professionnelles et dans ses passions artistiques.
Pierre a toujours visé l’intensité des sentiments. Il a toujours cherché la perfection, attentif aux autres dont il apprenait, mais ne comptant que sur lui-même pour réussir.
Pierre ambitionnait l’inaccessible, ne s’épargnant aucune peine pour s’en approcher.
La médiocrité, la superficialité, la demi-mesure, l’excuse facile n’avaient aucune part à son esprit.
Il ne jugeait pas les autres, sans précaution ni mesure.
Il dédaignait le jugement des autres à son égard, quand il était porté par la jalousie ou la malveillance.
Pierre a toujours eu la tête haute. Et nous sommes fiers de l’avoir connu.
29 septembre 2009, à Saint-Chamond
enfant aimé
La naissance de Pierre est un fruit de l’amour.
Une fabuleuse complicité. Entre une mère et son fils. Entre un père et son fils.
«Les bras, papa… !» Allers et retours, crèche, école, câlins, cartable sur le dos. Main dans la main, pour ces trajets de banlieue.
Paris, le métro, le Vieux Campeur, le bateau-mouche, le musée de l’Armée aux Invalides, le musée du Louvre… Ce n’est pas rien d’être fils de professeur.
À jouer imprudemment sur le socle de la Victoire de Samothrace au Louvre, tu as gardé une trace au front. Rien de démotivant.
Car des escapades plus périlleuses, tu en as accomplies plus tard…
Au Louvre, toujours, la galerie des Primitifs italiens, celle de la Renaissance puis des grands romantiques français. Peut-être le déclic de tes peintures futures ?
Mais avec ton style et tes techniques.
Tes parents, mon fils, ont tenté d’enchanter un peu ta vie quotidienne.
Pendant les vacances, c’était plus évident. La Creuse, ses bruyères, la forêt, les moutons derrière une clôture au crépuscule, les ballades juchées sur les épaules…
Creuse, 1983 ; à a gauche Daniel Lefeuvre, à droite Pierrot et son papa
Un enfant a-t-il plus confiance en son père qu’à cet âge ?
L’Ardèche, la vallée de la Maurienne, le ski à Meyronnes.
Devenu homme, tu as élargi ton horizon : Bruxelles, l’Allemagne, Barcelone, Budapest, le Portugal…
Car si un fils doit à sa mère, si un fils doit à son père, il se fait lui-même.
Il y a de la vérité dans cette phrase du poète libanais Khalil Gibran, même si elle est quelque peu excessive :
«Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles du désir de la vie pour elle-même».
Pierrot avait un insatiable désir de vivre.
Il a su rapidement embrasser l’existence avec aplomb, avec l’instinct qu’il fallait y jeter fougue et vérité, en sachant qu’elle ne lui donnerait que ce que sa force et sa détermination iraient chercher.
Sa mère, son père, l’ont aimé sans retenue. Et si leur séparation l’a intérieurement blessé, il n’en a jamais rien laissé paraître, ni formulé le moindre reproche.
Au contraire, il nous a gratifiés d’un amour filial jamais démenti.
Pierrot terminait toujours une rencontre ou une conversation par «Je t’aime Maman», «Je t’aime Papa».
escalade et graff
Enfant, il a goûté très tôt le sport, et notamment l’escalade.
À l’âge de dix ans, il montait les yeux bandés, le mur d’escalade de Valmeinier, dans les Alpes. Plus tard, il a installé un mur d’escalade dans sa propre chambre, causant l’admiration de ses amis.
L’escalade, métaphore de sa vie.
Pierre savait que rien ne s’arrache sans effort, sans assurance des échelons gravis, sans les yeux rivés sur la prochaine prise.
Pourquoi l’ascension a-t-elle pris fin si prématurément, mon fils ?
Pierre était fort, parfois dur. Mais aussi d’une sensibilité exacerbée.
Dans l’élan qui le portait vers ceux qu’il aimait.
Dans le domaine de l’esprit également. Ses compétences artistiques se sont épanouies dans des dizaines, des centaines de compositions murales à la bombe aérosol.
Il a écrit, à ce sujet, un court texte magnifique, d’une grande poésie, que ceux qui ont partagé sa passion – et les autres – liront toujours la gorge serrée.
La durée de vie de ces fresques étant aléatoire, Pierrot, comme tous les peintres de l’art urbain, les fixait sur photos dans des albums qui en assuraient la pérennité.
Il avait le sens de la permanence et de l’éphémère. Le refus du laid et le désir du beau.
Il offrait à la tristesse de la géographie urbaine du nord de Paris, l’enjouement de la couleur et une calligraphie onirique.
rires et cendres
Le déchirement et les pleurs qui nous accablent aujourd’hui, ne doivent pas nous faire oublier que Pierre était joyeux, qu’il avait le rire communicatif, que nous avons été heureux avec lui.
Je ne sais comment nous allons vivre désormais, sans son amour, sans sa chaleur, sans son rire, sans son incroyable énergie, sans ses étreintes, sans son idéal…
Le regret de lui survivre va frapper d’amertume et infliger un goût de cendres à chacune des voies qui seront les nôtres dans les années qui viennent.
Mais il faudra nous remémorer toujours son souvenir, et ce qu’il aurait répliqué face à un instant de faiblesse de notre part.
Un père n’enterre pas son fils ! Il maudit le sort de n’être pas à sa place.
Pierrot, quand avec Bouchra, tu es venu nous voir à Saint-Chamond, à la fin août, il y eut un moment de grâce… où tu t’es endormi sur mon épaule. Comme un enfant. Comme mon enfant.
Je t’aime mon fils ! Je t’aime mon Pierrot !
Comme t’aiment tous ceux qui, ici, te pleurent à jamais.
Ces terribles derniers jours, tous autour de toi, nous avons pleuré, nous avons prié, nous avons espéré que l’improbable miracle se produirait, que ta force et ta jeunesse l’emporteraient sur l’absurde et arbitraire fatalité.
En vain.
Nos paroles se perdaient déjà dans le silence de ton cerveau meurtri.
Aujourd’hui, selon tes vœux, ton corps va se consumer. Les vents l’emporteront.
Mais tous les êtres que tu as côtoyés, tous les lieux que tu as fréquentés, tous les rêves que tu nous as confiés, te rappelleront à nous sans cesse.
Va mon fils ! Que le terme de cette ultime ascension te soit doux et serein.
Notre amour t’accompagne, Pierrot. Comme celui de ton petit frère Émile (10 ans) et de ta petite soeur Clémence (7 ans).
Pierrot, son frère Émile et sa soeur Clémence, en novembre 2010
À la mort de sa mère – mais cela vaut plus encore pour la mort d’un fils – l’écrivain Marcel Pagnol disait :
«Le temps passe, et il fait tourner la roue de la vie comme l’eau celle des moulins (…)
Telle est la vie des hommes. Quelques joies très vite effacées par d’inoubliables chagrins.
Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants».
Aujourd’hui, c’est mon enfant que la mort m’a confisqué à jamais.
Et que commence l’inoubliable chagrin.
Ton papa.
5 novembre 2014
crématorium de Villetaneuse/les Joncherolles
- la voix de Pierre sur Youtube
Pierrot, mon fils, le 3 octobre 2013
Allocution d’hommage à Pierre RENARD
Les mots ne suffiront pas, mon Pierrot.
Notre tristesse est immense et les mots ne suffiront pas pour l'exprimer ; Mais ils essaieront de dire, un peu, notre histoire.
Tu es mort à l'âge de 34 ans. Nous sommes tous bouleversés par le chagrin.
Nous pensons à tout ce que nous aurions pu te faire découvrir et partager, et ce vide soudain, la désolation de ton absence nous remplit de tristesse.
C'est comme si les souvenirs perdaient leur sens, perdaient leur signification de la promesse d'avenir qu'ils portaient avec toi et pour toi.
Pour moi, pour ceux de ma génération, je crois, je ressens ta perte comme un morceau de futur qui disparaît, un repère du futur qui s'efface, car tu étais un être en devenir, tu étais l'avenir encore à écrire : notre avenir. Nous voilà orphelins, nous qui t'avons pourtant précédé dans cette vie.
Ton image, ton souvenir vont nous habiter et demeurer en nous : ils nous saisissent soudain à l'improviste à n'importe quel moment de la journée. La brutalité et l'injustice de ta disparition vont continuer à nous heurter et nous hanter. La douleur, elle vient de cette collision entre l'évidence et l'inacceptable de ta disparition.
le flou de la photo n'empêche pas l'expression certaine d'un bonheur,
le 1er janvier 2005, aux Pavillons-sous-Bois
Ta disparition nous prive de ton amour, et elle nous prive de la possibilité de l’amour que nous voulions continuer à te porter, à te témoigner pour continuer à te faire grandir. Ce sont là des mots banals, entendus dans d'autres circonstances, mais aujourd'hui ils nous touchent dans notre chair, ils s'inscrivent avec douleur dans nos esprits.
Nous voilà amputés d'une partie de nous-mêmes. Et quand nous regardons le ciel, les arbres, quand nous ouvrons les volets le matin, l'horizon n'est plus le même.
Cette absurdité brutale d'une vie abrégée par un accident, cette violence inadmissible, nous ne pouvons l'accepter. Ta mort est la pire injustice que tu puisses subir. C'est la pire des injustices pour ta mère et ton père. Pour tous tes amis et ta compagne.
Cette injustice nous plonge dans une cruelle détresse, comme si elle voulait nous dire que tes 34 ans écoulés n'avaient servi à rien. Nous refusons cette idée.
Nous ne laisserons pas la mort bafouer totalement l'espoir de ta jeunesse !
Pierre, je me réjouissais de voir en toi comme une sorte de grand frère pour ta cousine, Aude, de voir votre amitié. Complices dans la rigolade, vous l'étiez, et tu avais un bel humour qui nous faisait tous franchement rire : tes mots, tes réparties fulgurantes, ton esprit caustique mettaient tout le monde de bonne humeur.
La valeur n'attend pas le nombre des années, petit Pierre devenu grand, tu nous l'as bien démontré.
Pierrot et Aude, en 2002, à Bezons
Nous nous rencontrions rarement, mais un peu plus souvent ces dernières années et j'admirais ta force de caractère et ton courage, ton esprit de résistance et ton ardeur au travail.
Tu avais forgé toi-même ton chemin pour construire ta vie d'une manière que tu voulais farouchement indépendante.
Nous n'étions pas d'accord sur tout, sur la vision de la société, sur le sens du combat social, mais nous aimions, je crois, en discuter passionnément.
Tu étais tenace, opiniâtre, quelquefois obstiné. À un point qui pouvait aller jusqu'à l’entêtement ! - et là, je reconnaissais mon frère Michel, ton père ! Mais tu as été plus loin que lui, plus loin que moi, et sur d'autres chemins.
Mais n'est-ce pas le rôle des enfants d'aller au-delà de ce que leurs parents ont découvert ?
"La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi" a dit Picasso à propos de sa fresque Guernica.
Dans notre univers télévisuel borné, dans ce monde médiatique atrophié qui colonise notre imaginaire, Pierre et ses camarades ont écrit dans les marges de cette normalité imposée et ils ont réinventé un langage pour la contester.
Avec tes copains, tes amis du graff, vous avez parsemé de vos images les murs de nos villes, et ces fresques nous interpellent, avec ces symboles mystérieux pour le profane. Elles interrogent le rôle de l'image que les pouvoirs en place ont toujours voulu contrôler.
Ton graff, c’était ton acte de résistant. Une résistance qui me parle.
Les mots ne suffisent pas, mon Pierrot, les images non plus, mais les uns et les autres sont ce qui nous reste pour te garder à jamais dans nos mémoires.
Denis Renard
oncle de Pierre
5 novembre 2014
Denis Renard, oncle de Pierrot
Merci Denis, mon frère, pour cet hommage d'une puissante humanité. Je retiendrai cette phrase d'amour lucide : "Les mots ne suffiront pas, mon Pierrot"... Tu m'as bouleversé en prononçant ces mots. Comme je t'ai vu ébranlé lors des obsèques de Pierre et des allocutions successives. Je t'aime, mon frère.
"Aude", graff de Pierrot pour sa cousine, 1er janvier 2005
Témoignage de Bumi
«Salut Bumi. Comment ça va ? Tranquillou ?»
C’est par ces mots au téléphone que Pierrot annonçait qu’il allait passer, ou tout simplement prendre des nouvelles. Quelques fois, c’était aussi pour proposer de changer d’opérateur téléphonique pour des raisons assez obscures mais dont l’essentiel était que cela lui rendait service pour son travail.
Quand Pierrot passait, c’était toujours l’occasion de câliner les chats de Laurence et d’obtenir des ronronnements en retour. Mais du coup, pour éviter la crise d’asthme il fallait prévoir Aerius ou Zyrtec disponibles. Autant il aimait les chats, autant il était allergique à leurs poils. Et chez nous, des chats il y en avait quatre. C’est vous dire.
Serviabilité et gentillesse. Ce n’étaient sans doute pas les seules qualité de Pierre, mais ce sont les premières qui me viennent à l’esprit. Il était toujours disponible pour déménager un meuble, aider pour un bricolage, surtout avec moi qui ai deux mains gauches.
Je veux, ici, rappeler sa présence pendant la maladie de Laurence. Il passait quand il pouvait, prenait régulièrement des nouvelles.
Alors perdre la vie à 34 ans dans un accident de la route. C’est à la fois injuste et bouleversant.
Pierrot, tu es parti trop tôt. Tu avais encore bien des choses à vivre et à accomplir.
Où que tu sois aujourd’hui, pour moi tu es avec Tata Lolo et ses chats que tu peux caresser sans prendre de cachets, car pour reprendre le mot du philosophe, «le véritable tombeau des morts, c’est le cœur des vivants».
Permettez-moi, pour finir, de vous lire un extrait d’un poème amérindien :
Quand je ne serai plus là, lâchez-moi !
Laissez-moi partir
Car j’ai tellement de choses à faire et à voir !
Ne pleurez pas en pensant à moi !
Soyez reconnaissants pour les belles années
Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour !
Vous ne pouvez que deviner
Le bonheur que vous m’avez apporté !
Je vous remercie pour l’amour que chacun m’a démontré
(…)
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur !
Je ne suis pas loin et la vie continue !
Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai !
Philippe Moraud, dit Bumi
oncle de Pierre
5 novembre 2014
Philippe Moraud, dit Bumi, 5 novembre 2014, au cimetière d'Épinay-sur-Seine
Hommage de Christophe
Pierre appartenait, appartient et appartiendra toujours à une très grande famille - le nombre de personnes présentes aujourd'hui en témoigne -, membres de sa famille, proches, amis ou graffeurs.
Pierre était quelqu'un de généreux qui donnait beaucoup sans jamais attendre de recevoir.
Il savait tirer le meilleur de nous-mêmes, il était pour beaucoup une locomotive, nous tirant vers l'avant, nous rassemblant.
Je voudrais citer le poète africain Binago Diop :
"Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule.
Les morts ne sont pas morts."
C'est pourquoi, aujourd'hui, nous nous devons de lui rendre hommage : "il faut honorer la mémoire du défunt afin qu'elle s'inscrive durablement dans la mémoire collective. Les funérailles honorent le départ", selon Raymond Johnson.
Sophie tient à ajouter cette parole : "Tu vivras en nous, dans nos coeurs, dans nos pensées, dans notre âme. Nous penserons toujours à toi".
Christophe, ami graffeur de Pierrot
et Sophie dont les filles considéraient Pierre comem leur "tonton"
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Pierre et les autres
21 août 2014, dans le Pilat, à côté de Saint-Chamond, père et fils
Pierre, Bouchra, Kim, Michel, 10 novembre 2013 à Paris
Pierre et Bouchra 10 novembre 2013 à Paris
Bouchra et Kim, 10 novembre 2013 à Paris
Pierre et son papa, 10 novembre 2013 à Paris
la beauté de Kim et de Pierrot, 6 juin 2013 à Paris
6 juin 2013, à Paris, avec Daniel Lefeuvre à gauche
6 juin 2013, à Paris, regardant Gérard Molina
6 juin 2013, à Paris, avec Daniel Lefeuvre et André Fontaine
11 août 2012, au lac-barrage du Couzon, dans le Pilat (Loire)
1er septembre 2011, à Saint-Chamond
1er septembre 2011, à Saint-Chamond
1er septembre 2011, à Saint-Chamond... si tu savais comme je suis fier de toi, mon fils
Pierrot, 2 septembre 2010 : travail d'artiste pour la chambre de sa petite soeur Clémence
(pose d'un pochoir)
Pierrot, 2 septembre 2010 : travail d'artiste pour la chambre de sa petite soeur Clémence
9 novembre 2009, métro Concorde à Paris, en route vers les studios télé de France Ô
pour le livre Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?
9 novembre 2009, quai André-Citroën à Paris
9 novembre 2009, Pierrot dans le studio du "Grand Journal" de Canal+
9 novembre 2009, Pierrot et moi faisons les fous dans le studio du "Grand Journal" de Canal+
Pierre et sa petite-soeur Clémence à la sortie de la crèche, 27 octobre 2009 ; à Saint-Chamond
Pierre et sa petite-soeur Clémence à la sortie de la crèche, 27 octobre 2009 ; à Saint-Chamond
7 octobre 2009, anniversaire de Pierre ; avec son petit-frère Émile, à Saint-Chamond
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure ; Pierrot lui a préparé un cadeau graphique
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure ; Pierrot lui a préparé un cadeau graphique
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure ; signature de Pierrot
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure
3-4 octobre 2009, chez Anne-Laure, le père et le fils
29 septembre 2009, à Saint-Chamond, avec sa petite-soeur Clémence (née le 30 octobre 2007)
29 septembre 2009, à Saint-Chamond, avec sa petite-soeur Clémence
Pierre, 27 septembre 2009 à Saint-Chamond (site Giat)
septembre 2009, musée des Beaux-Arts à Lyon, L'archer de Bourdell
septembre, 2009, musée des Beaux-Arts à Lyon, dialogue par-delà le temps,
avec le peintre Paul Chavanard (1807-1895) sculpté par Jean Gautherin en 1887
Pierrot à Saint-Chamond, le 7 septembre 2009
Pierrot à Saint-Chamond, le 7 septembre 2009
avril 2009, à Paris, Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
avril 2009, à Paris : Pierrot et son petit frère Émile
28 février 2008, à Bezons : avec Pierrot, après les obsèques de ma mère Marcelle Renard
28 février 2008, à Bezons : avec Pierrot, après les obsèques de ma mère Marcelle Renard
26 juin 2005, derniers jours aux Pavillons-sous-Bois
26 juin 2005, derniers jours aux Pavillons-sous-Bois
26 juin 2005, derniers jours aux Pavillons-sous-Bois
15 janvier 2005, avec Émile son petit frère, aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
24 décembre 2004, avec Émile son petit frère, aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
24 décembre 2004, Pierrot avec Émile son petit frère, aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
18 février 2004, à Pavillons-sous-Bois, Pierrot vient fêter l'anniversaire de son papa
18 février 2004, à Pavillons-sous-Bois, Pierrot vient fêter l'anniversaire de son papa
Pierrot à Marseille en août 1998
Pierrot à Marseille en août 1998, dans les Calanques
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Pierrot enfant, de la naissance à ...
13 octobre 1980, encore à la maternité de Noisy-le-Sec
Pierrot a dix mois, en août 1981, dans la Creuse
Pierrot le 20 août 1981, dans la Creuse : les épaules de papa
juin 1982 à Noisy-le-Sec, avec Daniel Lefeuvre
juin 1982 à Noisy-le-Sec, avec Ventu
juin 1982 à Noisy-le-Sec ; derrière les contreforts de Montreuil
août 1982, dans la Creuse : les épaules de papa
août 1982, dans la Creuse : Daniel Lefeuvre épate Pierrot en imitant le chant de l'oiseau
août 1982, dans la Creuse : on pressent l'aventurier
anniversaire des deux ans de Pierrot, 7 octobre 1982 (Noisy-le-Sec)
mai 1983, à Noisy ; Pierrot a trois ans
mai 1983, à Noisy ; Pierrot a trois ans
mai 1983, à Noisy ; câlin de Pierrot
mai 1983, à Noisy ; lecture avec Papa
19 juin 1983, à Drancy ; Pierrot jardinier
31 juillet 1983, à Drancy ; Pierrot s'endort sur son papa
août 1983, dans la Creuse, le paysan Maurice fait mine de verser du vin dans le verre de Pierrot âgé de moins
de trois ans ; Maurice est mort le 11 octobre 2012 (à 83 ans), Pierrot le 22 octobre 2014 (à 34 ans)
août 1983, dans la Creuse, le paysan Maurice, Daniel Lefeuvre et Pierrot :
les trois sont morts aujourd'hui... et nous sommes là, à les pleurer
août 1983, dans la Creuse, le paysan Maurice et Pierrot (dont le visage est marqué par l'eczéma)
23 juin 1984, à vélo et pensif
août 1984, dans la Creuse ; j'ai toujours pensé que cette image avait une dimension spirituelle...
Noël 1984, Pierrot a quatre ans... Quel sourire...!
Noël 1984, à Bezons (grands-parents paternels) ; Pierrot a 4 ans
bateau-mouche sur la Seine à Paris, 27 septembre 1985 ; il a presque 5 ans
10 avril 2009, quatorze ans après Pierre, une même balade en bateau-mouche,
avec son petit frère Émile âgé de 5 ans aussi
l'anniversaire des 5 ans de Pierrot, en 1985, chez ses grands-parents maternels
13 avril 1986, avec son papa, chez les grands-parents maternels de Pierrot
à Jaujac, en Ardèche, août 1987
gorges du Verdon, août 1990, avec Annie
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Pierrot et l'escalade
27 février 1999 à Fontainebleau
les Calanques à Marseille, en 1998
les Calanques à Marseille, en 1998
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Un copain de Pierrot, Romain Le Moigne, a retrouvé cette photo parue dans le magazine Grimper en 2001. Il écrit sur la page Fb de Pierre : "on avait fait une série de photos d'escalade urbaine (sur des vrais passages intéressants d'escalade, pas juste pour prendre la pose!), la photo de Pierre avait été sélectionnée parmi les huit gagnantes... Entre autres accomplissements..." (1er décembre 2014).
Romain a aussi publié cette photo du mur d'escalade que Pierrot avait installé dans sa chambre à Épinay.
Voilà ce qu'il écrit : "cette photo date de 2000, lors d'une des très très nombreuses séances d'escalade que j'ai faites chez un ami qui avait construit ce mur inclinable dans sa chambre. C'est la période où j'ai le plus progressé en escalade ! Poussière, sueur, énervements, coups dans les murs, joies, rap à fond & fous rires... Que de bons souvenirs !"
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aventures et oeuvres d'un graffeur
Pierre était un graffeur. Le mot vient de graff, diminutif de graffiti. Longtemps de connotation péjorative, et de statut illégal, le graffeur est un peintre qui calligraphie ou dessine sur un support la plupart du temps non destiné à cet effet. Son outil principal est la bombe de peinture aérosol. Mais il peut aussi utiliser la peinture en pot notamment pour aménager un fond sur un substrat dégradé.
Si il a peint sur des trains de la région Nord de la région parisienne, Pierrot a ensuite cherché des surfaces plus vastes, particulièrement dans des zones industrielles désaffectées ou des bâtis abandonnés.
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texte de Pierrot sur ses débuts dans le graff
Je me souviens d'un temps où régnait le chaos, un temps de nuits blanches, de peintures et de coursades. Un temps de "pt'i gris" (métros, RER A, B, C, D, E, TER et Interails), de repérages, de dépôts, et d'ateliers de photos et de vidéos.
Mais par-dessus tout, je me souviens du guerrier, l'homme que nous appelions Max. Le personnage est débordant d'énergie. C'est grâce à lui que j'ai peint la Nord. Pour comprendre cet homme, il faut revenir à une autre époque. À cette époque le graffiti me désociabilise. J'adopte alors un rythme de vie totalement déstructuré. Je profite de ne pas avoir de responsabilités pour vivre ma passion.
Seuls ceux qui ont vu tourner leur nom sur un train peuvent comprendre cette sensation. À chaque fois que tu vas peindre, tu risques de te faire serrer pour tout ce que tu auras fait auparavant, ton panel a donc d'autant plus de valeur quand tu ne fais que ton nom.
Quand ton train arrive à quai, Gare du Nord, c'est le choc des deux mondes. Le choc entre notre monde que personne ne comprend et celui de la masse populaire qui va au boulot. Tous ces gens utilisent les trains pour aller bosser. Nous, nous les peignons.
Le plus beau des supports, ces petits gris, ils ont une âme comme tu dis. Ils ont une histoire, racontée par les hauts de caisse non effacés. Ces fameux hauts de caisse que je te vois faire à chaque fois qu'on va peindre, tu veux tous les faire, je dois courir dans le dépôt pour les faire avant toi. De toutes les couleurs, ils sont les souvenirs ineffaçables des œuvres que la SNCF ne veut pas faire tourner. Tu écriras un jour sur un métro : "Plus tard, ce sera de l'art". Ça l'est déjà pour nous.
Et peu importe le résultat de la peinture, les valeurs d'amitié que l'on partage sont bien plus fortes. Et pour être sûr de peindre de mieux en mieux, notre collaboration reposait sur une règle simple : je trace et tu remplis. Les plus belles pièces, on les a faites tous les deux. Chaque WC [wild child : l’enfant sauvage] qu'on peignait avait une vraie signification pour moi. La notion de groupe je l'ai apprise avec toi.
Pierre Renard, 1980-2014
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Dans sa quête d'espaces plus grands pour ses créations, Pierrot a fréquenté les sites industriels laissés en friches. Il en a trouvé évidemment en Seine-Saint-Denis - où il habitait - et à Saint-Chamond quand il venait me voir.
À regarder ces photos, je devine - peut-être en extrapolant... - que Pierrot avait de multiples curiosités. Quand il allait peindre dans un local des anciennes Aciéries de la Marine devenues Giat, il prenait en photos ses peintures mais également le site, son architecture, certains détails des activités qui avaient mobilisé les hommes ici. Il y avait un respect de l'ouvrier dans son esprit.
20 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
20 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat : "spyn" en graphie arabe
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
27 septembre 2009 à Saint-Chamond, ancien site Giat
graff de Pierrot, publié en 2013
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la mort de Pierre
l'accident, 12 octobre 2014
Pierrot a quitté son domicile, rue de l'Avenir à Épinay-sur-Seine, le dimanche 12 octobre 2014, un peu après 19 heures 30, pour se rendre chez sa mère à Saint-Gratien.
Il roulait à moto, à petite vitesse (moins de 50 km/h). Une voiture sur la voie opposée s'apprêtait à tourner sur sa gauche pour entrer dans un parking dont le conducteur avait ouvert la grille à l'aide d'un bip. Il a laissé passer deux voitures puis s'est avancé au moment ou Pierre, phare allumé, arrivait à sa hauteur (...!!!). Pierrot a percuté le véhicule sur son avant et a été violemment projeté au loin, sa tête (casquée) a touché le sol en premier. Il était 19 heures 45.
lieu de l'accident, 110 avenue d'Enghien à Épinay-sur-Seine : Pierrot roulait à droite et une voiture,
venant en sens opposé, lui a coupé la route en tournant sur sa propre gauche...!
L'enquête a établi la culpabilité évidente du véhicule. Son conducteur est un homme de 80 ans environ, qui est incapable d'expliquer ce qui s'est passé...
Pierrot était déjà dans le coma quand le Samu, appelé par les pompiers de Saint-Denis, est arrivé. Son corps était quasiment indemne. Mais l'examen à l'hôpital a montré de très graves traumatismes crâniens, des lésions irréversibles et du sang dans les poumons. Il n'est jamais sorti du coma.
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les dix jours de coma et de soins à l'hôpital, octobre 2014,
unité de réanimation-chirurgicale et de traumatologie (réa-chir)
Pierrot a lutté pour sa vie. Son corps a résisté. Je ne sais si l'esprit se manifeste d'une manière quelconque dans le coma. Mais à être présent à ses côtés, on avait le sentiment d'une force qui usait de tous ses recours pour rester du côté de l'existence.
Pierre a toujours combattu pour obtenir ce qu'il cherchait dans ce monde. Cette énergie s'est déployée lors de cette ultime épreuve.
Je n'ai pas d'hésitation à montrer ces photos. Mon fils se bagarre pour la vie dans un lit d'hôpital. Je le trouve beau et digne. Même si je suis immensément et définitivement triste.
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Son cerveau a cessé de fonctionner le 22 octobre; Cela veut dire qu'il est mort. Vers douze heures trente.
Mais son activité cardiaque est maintenue en attente de la décision des parents sur le don d'organe.
J'ai caressé et embrassé le corps de mon fils mort. J'ai pleuré sur lui. J'ai ôté les cotons sur ses yeux pour contempler une dernière fois son regard mi-clos, ses yeux bleus.
Le soir, sa mère et moi avons décidé d'accepter le don d'organes. Pierrot a donc donné son coeur, ses poumons, son foie, ses deux reins à des malades qui en avaient besoin. L'opération a duré presque douze heures. Il a aidé cinq personnes à survivre.
Je n'ai pas de réticence, là aussi, à publier ces photos. Je trouve mon fils fort, et cette force est un défi à la mort qu'il lance dans ces derniers moments. Je suis fier de lui, jusqu'au bout. Et je l'aime par-delà sa mort.
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le cercueil à l'Institut médico-légal (Paris, quai de la Rapée)
5 novembre 2014
la dépouille de Pierrot, mort depuis deux semaines, dans une pièce de l'Institut médico-légal
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obsèques au crématorium de Villetaneuse/les Joncherolles Épinay
(Seine-Saint-Denis), 5 novembre 2014
l'impossible oraison funèbre de son propre fils...
Bouchra Lecheguer, la compagne de Pierrot
l'insoutenable proximité d'une dépouille et d'une image pleine de vie
les vivants ont besoin d'un rituel pour se séparer d'un mort
Denis Renard, oncle de Pierrot
cercueil pénétrant dans le four crématoire
la crémation dure entre une heure trente et deux heures
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obsèques au cimetière d'Épinay (Seine-Saint-Denis)
5 novembre 2014
le transport des gerbes vers le colombarium
le corbillard du dernier voyage
l'urne funéraire contenant les cendres de Pierrot, déposée dans une case du colombarium
ultime adieu de Cédric à Pierre
prière récitée par Daniel, de confession musulmane
prière récitée par Daniel, de confession musulmane
ultime adieu de Eya et de Nyssa qui appelaient Pierrot "Tonton"
l'ouvrier s'apprêtant à sceller la case
le scellement de la case funéraire
gerbes de fleurs, dont l'une envoyée par mon lycée
des amis qui se recueillent dans un refus de croire à une mort si subite
...rester ensemble comme un refus de l'impensable
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l'hommage à Pierrot de ses copains graffeurs
l'hommage de deux amis graffeurs à Pierrot, le 6 novembre 2014, lendemain des obsèques
l'hommage de deux amis graffeurs à Pierrot, le 6 novembre 2014, lendemain des obsèques,
la chanson de Renaud : chanson pour Pierrot
hommage de trois amis de Pierre
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fresque d'hommage de ses copains graffeurs à Pierrot
29 et 30 novembre 2014 (Seine-Saint-Denis)
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot : "soldat tombé", 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : portrait
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : portrait
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : portrait
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : avec liste des auteurs
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : 1980-2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYNE, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : "à jamais gravé dans nos mémoires"
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014 : "à la mémoire de Spyne"
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
hommage à SPYN, Pierrot, 29-30 novembre 2014
Vous l'avez fait ! Merci. J'ai eu du mal, longtemps, à lire cette graphie. Pierrot m'a expliqué, quelques fois. Et maintenant, je comprends mieux. En revenant de Paris, après ses obsèques, je ne cessais de regarder par la fenêtre du train toutes les peintures. Dans mon chagrin, je croyais voir SPYN partout...
Ce que vous avez réalisé est magnifique d'esthétique, d'imagination, d'amitié, de fidélité. Je sais votre chagrin aussi. "À jamais gravé dans nos mémoires".
le papa de Pierrot
1er décembre 2014
photo de JEer Page, graff de ENKA, fresque RIP SPYN, 29/30 novembre 2014
(page Fb de Fleur Essence, 6 décembre 2014)
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quelques mots de Pierre
Avignon, juillet 1995 : Marcelle et Daniel sont ses grands-parents paternels
5 novembre 2014, à la sortie du crématorium
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quelques messages
L'un des plus sublimes et plus lucides messages m'a été adressé par Adrien, ancien élève de 2e au lycée, aujourd'hui étudiant en Droit à Lille :
- "Crois moi Michel, on n’oublie jamais vraiment et c'est pas faute d'avoir essayé...
Les photos, anniversaires morbides et touchants articles que tu as écrits te fendront le cœur à chaque fois qu'ils en auront l’occasion.
Cependant pour ta santé mentale (celle de tes proches aussi), il faut que tu acceptes ta propre impuissance dans cette tragédie. Cultiver la haine envers la fatalité n'a jamais été qu'un éreintant combat perdu d'avance.
Ce que j'essaye de te dire n'est pas de "passer à autre chose", occulter ce genre de drame, le noyer dans l'alcool ou que sais-je, revient en définitive à mettre le tas de poussière sous le tapis.
Laisse-toi le temps, continue à exprimer ta peine, surtout si ça te soulage mais un jour il faudra bien que tu le laisses partir..."
un petit garçon de trois ans et demi en vacances
Papa, Papa, Papa... s'il te plaît...
- vidéo publiée sur http://youtu.be/ZDeR5LD1Wzw
C'était l'été 2007. La petite soeur d'Émile n'était pas encore venue au monde. La magie d'Émile enfant... Sa candeur et sa confiance dans les adultes me stupéfient toujours. ... Et on me l'a retiré...!!! Papa, Papa, Papa, s'il te plaît...
l'amour des enfants, 6 octobre 2012
Clémence tirant la langue, et son Papa
- avec mes enfants le 6 octobre 2012
retrouvailles après trois mois de séparation
28 janvier 2012
Noël peut se fêter un mois plus tard...
la découverte des cadeaux est un égal plaisir que l'on soit
le 25 décembre ou le 28 janvier
(dommage pour le contre-jour) une fille et son père
...et après un juge décide de vous séparer...
qui dira sa complicité avec son papa...?
Clémence et son papa pendant l'heure et demi d'une visite accordée
gracieusement par une "juge" aux Affaire familiales...
Émile absorbé par sa nouvelle "DS"
Clémence, belle comme une petite fée...
- un instant de grâce... après trois mois de séparation, un moment de rencontre dans une association à Saint-Étienne ("Point-Vert")... Comme le dit la directrice de ce Centre : "c'est mieux que rien..."... oui... Mais, chez leur père, ce serait tout de même mieux, Madame la "Juge" aux Affaires familiales...
28 janvier 2012
une fée...
une fée survient toujours dans votre vie...
- Pas mieux
Que le soleil entrant dans les pièces que tu traversais
Que le frémissement à te sentir respirer la nuit
Que l’éternité éprouvée à contempler ton incomparable féminité
Que la joie ressentie à voir la tienne déborder
Pas mieux
Que les instants passés avec les enfants
Que les rêves échafaudés d’aller vivre en Ardèche
Que tes arrivées toujours gaies
Que tes départs toujours pleins d’espoir de retour
Pas mieux
Que l’éclat d’intelligence dans tes yeux
Que les disputes sur toutes questions
Que ton avidité de savoir et de décrypter
Que ta lecture de Platon un certain été
Pas mieux
Que l’inimaginable grâce de ton corps dansant
Que la fidélité à ta famille et à tes proches
Que ta générosité toujours sans défaut
Que ton sourire souvent caché par tes mains
Pas mieux
Que ta magie à effacer toutes les douleurs
Que la rareté de tes pleurs
Que cette image constante d’ange
Que cette fragilité sans cesse surmontée
Pas mieux
Que cette ascension promise par toi vers les cieux
Que cet anéantissement de tous les loups auquels tu faisais croire
Que cette aventure sans cesse ouverte avec toi
Que ce torrent tumultueux qu’est ta vie faisant rouler quelques cailloux dans son lit
M.R.
24 juin 2011 et avant...
fête de l'école Sainte-Marie à Saint-Chamond, vendredi 24 juin 2011
samedi 21 mai 2011
23 février 2011 (anniversaire du 21 février)
Nin's et les enfants, février 2011
Émie et Clémence, début 2010
les enfants
Émile, le 9 janvier 2010, maniant son katana,
sabre de samouraï
Clémence, le 24 janvier 2010, dans le bureau et sur les genoux de son papa
au-dessus de la Valla-en-Gier
petite virée dans le Pilat,
un peu au-dessus de la Valla-en-Gier
Émile, le lundi 1er juin 2009 (Pentecôte)
Clémence, occupée à ramasser quelque chose à terre
à droite, le village de la Valla-en-Gier (monts du Pilat, Loire)
baptême
le baptême d'Émile et de Clémence
dimanche 31 mai 2009
En vérité, en vérité, je te le dis,
si un homme ne naît d'eau et d'Esprit,
il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Ce qui est né de la chair est chair,
et ce qui est né de l'Esprit est esprit.
Ne t'étonne pas que je t'aie dit :
Il faut que vous naissiez de nouveau.
Le vent souffle où il veut, et tu en entends
le bruit ; mais tu ne sais d'où il vient,
ni où il va. Il en est ainsi de tout homme
qui est né de l'Esprit.
Évangile de Jean
Claire et Émile, Daniel, Val, Hervé, Claire
les enfants autour des fonds baptismaux (une cuve)
les enfants autour des fonds baptismaux : Émile tient la main de Clémence
plus ou moins attentifs...
le père Bruno Cornier, curé de Saint-Chamond
l'onction : huile consacrée sur le front en signe de croix
l'onction d'Émile, puis celle de Clémence
marraines et parrains, à droite Daniel Lefeuvre (Émile)
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le faire-part
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lu à la cérémonie
Les enfants
Une femme qui tenait un nouveau-né contre son sein dit :
parle-nous des enfants. Il dit :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles du désir de la Vie pour elle-même.
Ils passent par vous mais ne viennent pas de vous,
Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour, mais pas vos pensées.
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez loger leurs corps, mais pas leurs âmes.
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même en rêve.
Vous pouvez vous efforcer d'être semblables à eux, mais ne cherchez pas
à les rendre semblables à vous,
Car la vie ne revient pas en arrière et ne s'attarde pas avec le passé.
Vous êtes les arcs à partir desquels vos enfants,
telles des flèches vivantes, sont lancés.
L'Archer vise la cible sur la trajectoire de l'infini, et Il vous courbe de toutes ses forces afin que les flèches soient rapides et leur portée lointaine.
Puisse votre courbure dans la main de l'Archer être pour l'allégresse,
Car de même qu'Il chérit la flèche en son envol, Il aime l'arc aussi en sa stabilité.
Khalil Gibran, poète libanais chrétien
catholique de rite maronite (1883-1931)
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après le repas
les deux parrains : Daniel Lefeuvre et Hervé Villemagne
la terrasse de la maison dans la verdure
bougainvilliers, hortensia, orchidée...
Hervé (parrain de Clémence), Maurice Villemagne (grand-père des deux baptisés),
Ludo, Daniel Renard (grand-père des deux baptisés), Jérôme, Claire, Babeth
Maurice, Daniel Renard, Marceline (grand-mère des deux baptisés), Jérôme,
Claire (marraine de Clémence), Claire
Val, marraine d'Émile
Hervé Villemagne, parrain de Clémence
Jérôme et Val
Marceline et Claire
Claire, Émile et Val : remise de la chaînette
encore un peu perdu, Émile...
pas empressé de la mettre cette chaînette...
et même, pas envie de la mettre du tout...
Maurice, Marceline et Clémence
la croix offerte par Ludo et Babeth
le pansement de l'électrocution...
présentation du petit bracelet
Clémence se précipite sur le bracelet... pas de doute, c'est une fille !
dimanche 31 mai 2009
pour le baptême d'Émile et de Clémence
merci aux marraines
merci aux parrains
derbouka
Émile a transformé le guéridon marocain en derbouka
petit soldat avec casque réel et fusil de bois
judo
début du cours
échauffement
échauffement
on attend les consignes pour l'exercice suivant
le maître et ses élèves
à quoi pense un apprenti judoka ?
à gauche Luca, à droite Émile
retour sur le tatami après une courte pause désaltérante
démonstration, suite
mise en oeuvre
matin d'octobre
en allant à l'école
les poches emplies de petites voitures...
mardi 7 octobre 2008
et le cartable, où est-il ? c'est Papa qui le porte...
dans l'enceinte de l'école Sainte-Marie
juillet 2008 : vacances sur l'île d'Oléron
sur le phare de Chassiron (pointe nord de l'île)
Émile face à la mer
sur le petit chemin devant la maison
Faustine (Belgique) et Émile
matin de juillet, clémence
matin de juillet, clémence
la Cotinière, Émile et son Papa
matin de juillet, Clémence et son Papa
rose trémière sur fond de cabane bleue
derniers jours d'école
le 4 juillet en allant à l'école
sur la terrasse, en attendant de partir
la cour des collégiens est déserte, l'école est terminée pour eux
fête de l'école
fête de fin d'année à l'école
le vendredi 27 juin 2008